Top
  >  Afrique Centrale   >  Mariage coutumier en Afrique centrale : spécificités

Dans l’article précédent, nous vous présentions la trame générale d’un mariage coutumier dans 4 pays de l’Afrique centrale : Cameroun, Gabon, Congo-Brazzaville et Congo-Kinshasa. Bien que les mariages dans ces pays connaissent quelques similitudes, cela ne les empêchent pas d’avoir des différences entre eux et entre ethnies.

L’Afrique centrale compte des centaines d’ethnies. Nous n’avons pas la prétention de vous expliquer avec précision le déroulement des mariages coutumiers de toutes les ethnies.

Le mariage coutumier en Afrique centrale
Credit : AY Société : Mariage coutumier au Gabon , la dot fixée à 1,5 million de FCFA. - Ay People Magazine

Comment se passe le mariage coutumier au Cameroun ?

Cameroonian Traditional Wedding – Ngwo – Cameroon – Roots To Glory

Chez les Beti, ethnie du Centre du Cameroun :

Jusqu’en 1935, le mariage coutumier était la seule forme de mariage au Cameroun. 

Il existe 4 étapes au mariage coutumier :

Toquer à la porte

Dans un premier temps, le futur marié doit rencontrer sa future belle-famille officiellement. Il doit rencontrer celui qui deviendra son beau-père avec un Quatre côtés, une sorte de whisky dans une bouteille carrée. Ce dernier a la responsabilité de rassembler sa famille pour que le fiancé se présente. 

Il doit venir avec quelques membres de sa famille toujours avec quelques cadeaux (sac de riz, filet de poisson…). Son beau-père lui demande de donner la raison de sa venue. À la fin de cette cérémonie, le père de la fiancée remet à son futur gendre la liste de la dot.

La demande la main et la dot

La liste de la dot donnée en amont est souvent divisée en 2 pour la cérémonie de la demande de la main et celle de la dot.

Le jour de la 1ère cérémonie, après qu’un membre de la famille de la mariée ait vérifié la liste et que rien ne manque, on redemande au marié les raisons de sa venue. S’ensuivent des pourparlers tenus par les représentants des familles.

Le marié va ensuite donner le nom de celle qu’il est venue épouser mais on va lui présenter toutes les filles de la famille sauf sa bien-aimée, sous prétexte qu’elle est loin. C’est là qu’entre en jeu « l’avion » (qui existe aussi dans les cérémonies d’autres ethnies de la sous-région). On fait croire que la fille n’est pas là et on demande de payer pour qu’on aille la chercher.

Le montant donné, la mariée entre enfin. Le chef de famille va demander à la mariée, si elle est d’accord d’épouser l’homme, de prendre quelques bouteilles parmi celles apportées et de les lui donner.

Il doit venir avec quelques membres de sa famille toujours avec quelques cadeaux (sac de riz, filet de poisson…). Son beau-père lui demande de donner la raison de sa venue. À la fin de cette cérémonie, le père de la fiancée remet à son futur gendre la liste de la dot.

L’au revoir

Après avoir mangé quelques heures, les mariés accompagnés des frères et soeurs vont chez leur beau-frère et continuent la fête puis doivent repartir chez eux.

Comment se passe le mariage coutumier au Congo-Brazzaville ?

Credit : Viens et vois Agency

Au Congo-Brazzaville, vous ne pouvez pas vous marier à l’État civil sans vous être marié coutumièrement en amont. Une preuve vous sera demandée.

Au niveau de la dot, en plus des divers cadeaux comme des casiers de boissons, des dames-jeannes de vin rouge…  il doit pouvoir « d’habiller » son beau-père, sa belle-mère, symbole de sa capacité à pouvoir subvenir financièrement au besoin de sa femme.

Pour le père de la mariée

    • Un costume complet
    • Une montre

    • Une paire de chaussures

Pour la maman et les tantes de la mariée

  • Des pagnes max (chacune doit avoir son pagne)

  • Des paires de chaussures

  • Des bijoux

  • Une somme d’argent pour la couture

S’ajoute à cela une somme de 50 000 FCFA fixée au terme de la loi du 17/10/1984 mais ce montant n’est pas respecté.

Le griot

Après les négociations, le griot de la mariée demande à celui du marié la raison de sa venue. Ce dernier lui explique que son « fils » (puisqu’il est le représentant de la famille) a « repéré » une des filles du père (de la mariée) et aimerait l’épouser.

Généralement, le griot d’en face demande de lui donner des précisions sur cette jeune fille. L’occasion de voir s’il la connaît bien mais aussi parce que le chef de famille (père) a souvent plusieurs filles (on considère parfois les nièces…).

Durant tous les pourparlers, le marié est souvent caché parmi les invités de son côté.

Lorsque le griot de la famille de la mariée demande à connaître le marié, ce dernier se lève et vient décrire sa bien-aimée (noms et prénoms complets, date de naissance…)

Pendant ce temps, la mariée reste cachée à l’intérieur dans sa chambre avec les femmes de sa famille

La cérémonie

Toute la cérémonie se fait généralement en lingala (en français si le marié est étranger ou que la langue n’est pas comprise par un grand nombre). Parfois, elle peut se faire en langue vernaculaire (lari, vili, mbochi, teke…).

Pour sceller l’union entre les 2 individus, la femme se lève et vers la boisson dans un verre (Pulp Orange pour certains, alcool pour d’autres comme certaines ethnies au Cameroun) puis l’offre à genou à son père (ou l’autorité paternelle : oncle paternel…) en disant (souvent dans la langue natale du père) une phrase comme : “Papa, j’ai trouvé un mari. Si tu l’acceptes, prends ce verre”. Son père la bénit et boit le verre. La mariée va ensuite donner à boire à son mari.

Cette partie du mariage se fait aussi dans certaines ethnies d’autres pays.

La cérémonie se termine sur la signature de l’acte du mariage coutumier par les représentants des deux familles et leurs témoins. Ce document est demandé pour le mariage civil et le mariage religieux.

Comment se passe le mariage coutumier au Congo-Kinshasa ?

Credit : Le mariage coutumier du Congo - Mariage Congolais (Instagram)

Le pays compte plus de 450 ethnies. Autant vous dire qu’il existe autant de dots que d’ethnies avec des points de similitudes et de divergence.

Les chèvres

Chez Nande ou Yira (du Nord-Kivu), la dot est fixée à 12 chèvres. De même pour les Tembo du Sud-Kivu. Chez les Hunde de Masisi, en plus des 12 chèvres fixées, d’autres se rajoutent, une pour la maman, une pour les tantes, une pour les oncles, une pour les frères et une pour demander la femme.

Chez les Bazimba de Maniema, il en faut, parfois, 25.

Ces chèvres sont souvent accompagnées d’autres cadeaux comme une grosse casserole, une couverture, des habits pour les beaux-parents et la femme…

Cependant, dans d’autres ethnies comme les Shi du Sud-Kivu, donner des chèvres peut être considéré comme une insulte à la femme et sa famille.

Le fusil de chasse

Chez les Luba, l’ayant droit de la dot n’est pas forcément le père de la mariée mais généralement le chef de famille (très souvent l’aîné du père s’il ne l’est pas). En effet, c’est le droit d’aînesse qui prime.

La dot, ici, est de l’argent en liquide que le gendre doit donner à sa belle-famille. De façon symbolique, l’ayant droit de la dot indique de façon symbolique la liste de la dot car chez balubas « « ku buku, nku diyala » = dans les circonstances de la vie de tous les jours, le gendre aidera toujours sa belle famille. La dot n’est jamais finie.

Chez certains Luba, notamment à l’époque, la dot était un fusil de chasse. Cependant, la chasse n’est plus ce qu’elle était donc ce premier est remplacé par une machine à coudre, un moteur à moulin… selon la famille.

Chez les Lega, peuple entre le Sud-Kivu et le Maniema, le fusil est nécessaire et est accompagné des Miziba, les coraux ou perles dans les cours d’eau douce.

Les boissons

Chez les Kongo, le fiancé apporte des boissons : la bière, du vin et du jus.

Chez les Budu dans le Haut-Uele, un bidon de vin palmiste et de Mangoka, liqueur faite à base de maïs sont exigés.

Les outils de pêche

Chez les Lokele, peuple de la province de Tshopo vivant sur les rives du fleuve Congo, la dot est composée d’une pirogue et d’un filet. On y ajoute du manioc, des bananes plantains…

Le porc

Chez les Bowa dans le Bas-Uele, il est demandé au fiancé d’apporter 7 porcs, un fusil de chasse, des escargots, un pagne type Super Wax…

L’échange

Chez les pygmées, il n’existe pas de dot mais un échange. « Je te donne ma sœur, tu me donne la tienne. » explique Bradeau Mbafumoja pour Love Matters.

DISCLAMER :

Les mariages coutumiers décrits dans ces articles ne sont pas exhaustifs. Un mariage peut changer en fonction du pays, de l’ethnie, du village ou de la famille. Nous n’avons donné que quelques exemples d’ethnies.

Comment se passe le mariage coutumier au Gabon ?

La tenue de la mariée

La première tenue contient généralement des éléments rappelant l’éthnie de la mariée (Fang, Myene, Eshira, Teke…).

Pour le cas d’une gang, on retrouve :

    • Un panier

    • Un chasse-mouche

    • Un éventail

La dot

Généralement, dans la dot au Gabon, vous retrouverez des tissus en pagne (de bonne qualité), machettes, marmites, moustiquaires, liqueurs, bijoux, costumes. Chez les Fangs, vous retrouverez aussi du bétail (boeuf ou mouton).

La cérémonie

Lors de l’arrivée de la mariée, des nattes sont mises en place pour s’assurer qu’elle ne touche pas le sol. Elle entre le visage couvert (souvent d’un éventail).

Le marié remet de la liqueur et un billet d’argent à la mariée qui se rend et s’agenouille devant son père pour lui demander la permission de se marier avec son bien-aimé. En l’acceptant, le père donne sa bénédiction pour l’union du couple.

Après cela, on fait asseoir la mariée sur les cuisses d’une femme de sa belle-famille (belle-mère… tout dépend de la famille) et vice versa pour le marié. Ces 2 personnes représentent les médiateurs en cas de conflits des mariés.

L'après-cérémonie

Après avoir scellé l’union, la mariée va se changer pour se revêtir d’une tenue avec le pagne de sa belle-famille. Ce changement de tenue représente le passage pour la mariée de sa famille à sa belle-famille. 

Enfin, les mariés s’installent dans leur coin et reçoivent les félicitations de leurs invités qui profites pour faire des photos avec eux. 

Chez les Bayumbu, la femme est « volée ». 1 ou plusieurs jours après, les frères de la mariée se rendent chez la belle-famille pour réclamer leur soeur. Après les négociations, quand un accord est trouvé, la famille de cette dernière emmènent des cadeaux aux mariés et à la belle-famille (les parents ne doivent pas participer).

C’est à la fin de la dernière cérémonie qu’une partie de la famille peut se rendre chez la belle-famille.

Les outils de pêche

Chez les Lokele, peuple de la province de Tshopo vivant sur les rives du fleuve Congo, la dot est composée d’une pirogue et d’un filet. On y ajoute du manioc, des bananes plantains…